lundi 15 avril 2013

Pigeon vole !

Ceci n'est pas une colombe !

 

Le symbole de paix universel dessiné par Picasso que tout un chacun prend pour une colombe est en fait... un pigeon ! En avril 1949, Louis Aragon à la recherche d'une affiche pour le premier congrès pour la paix, rend visite à Picasso et choisit cette gravure y voyant, lui aussi, une colombe. Mais Picasso lui précisa immédiatement : "Ce n'est pas une colombe, c'est un Pigeon !" et Aragon lui rétorqua alors : "Oui, mais ça ne fait rien, les gens n'y connaissent rien !" C'est surtout lui qui n'y connaissait rien !
Les faits ont été rapportés par Françoise Gilot, la compagne de Picasso à l'époque et témoin de la scène. Il était donc temps de rétablir la vérité, c'est un pigeon qui est symbole de paix et non une colombe !


Picasso, en effet, toute sa vie a nourri un véritable amour pour les pigeons qui se retrouvent dans nombre de ses œuvres. Enfant, son père lui donnait comme modèles à dessiner les pigeons de Malaga, la ville où il est né.

"Pigeons" Pablo Picasso, 1890 (âgé de 9 ans)
Si le pigeon et la colombe appartiennent tous deux à la famille des Columbidés, la colombe n'est rien d'autre qu'une tourterelle blanche (genre Streptopelia), mais pas albinos car elle a les yeux noirs et non rouges. Le pigeon appartient, quant à lui, au genre Columba. Pourtant, lors des traditionnels lâchers de colombes, ce sont essentiellement des pigeons paon de couleur blanche qui sont utilisés aujourd'hui.


Les pigeons parisiens  

 

A Paris, les pigeons que l'on rencontre un peu partout appartiennent essentiellement à l'espèce du pigeon biset (Columba livia), au plumage ordinairement gris bleu, plus clair sur le dos et agrémenté de vert et de violet au niveau du cou. Les ailes se caractérisent par deux lignes noires de chaque côté. Le bec est gris avec un peu de blanc à la base, les pattes sont rouges et l'iris rouge orangé. Mais leur domestication est à l'origine de nombreuses variations de couleurs que l'on voit fréquemment aujourd'hui à Paris, allant du blanc majoritaire au noir quasi intégral, en passant par le roux. Il existe un petit guide bien fait sur les pigeons en Île de France que l'on peut télécharger : "Le pigeon en ville".

Mais, on peut aussi y rencontrer des pigeons ramiers (Columba palumbus), au Jardin du Luxembourg notamment. Sur la photo que j'ai prise début mai 2012, c'est l'individu de droite qui appartient à cette espèce. Il se distingue du pigeon biset de gauche par la tache blanche qu'il a sur le cou, le croissant blanc qui borde ses ailes et son bec rouge à l'extrémité jaune.



Première leçon de vol 

 

L'an dernier, début juillet, depuis ma fenêtre, j'ai assisté à la première leçon de vol de deux pigeonneaux. Le spectacle était émouvant ! Ils étaient apparemment avec leur mère qui semblait leur donner un petit cours théorique, avant de passer aux travaux pratiques : " Avant de faire le grand saut dans le vide, n'oubliez pas, les enfants, de bien regarder à droite et à gauche, pour voir si la voie est libre et sans danger". Heureusement, qu'ils n'ont pas eu l'idée de regarder en bas, sur le rebord de ma fenêtre, parce que Pépite, un des mes trois chats (voir message précédent) était à côté de moi et ne ratait rien du spectacle, elle non plus ! Elle aurait bien améliorer son ordinaire avec un peu de viande fraîche si l'occasion s'était présentée. Mais ce jour-là, la chance était du côté des deux jeunes plumeux, Pépite n'a pas eu droit à son steak tartare !



Après la leçon théorique, Maman pigeon leur a montré l'exemple en s'élançant en premier et en atterrissant sur la rambarde de la fenêtre située en face, à seulement quelques mètres de distance : "Allez les jeunes, maintenant, c'est à votre tour d'agiter les rémiges  !" 



Le plus téméraire d'entre eux n'a pas hésité à s'élancer à sa suite et l'a vite rejointe ! Il a brillamment passé son baptême de l'air, maman pouvait être fière !




Par contre, le second pigeonneau s'est montré nettement moins enthousiaste, il n'arrêtait pas de tergiverser et de regarder à droite, à gauche : J'y va-t-y ou j'y va-t-y pas ?... Sur la photo en bas à droite, il a même l'air de fermer les yeux de peur devant le vide !



Mais bon, la peur de rester là, tout seul comme un idiot, le reste de sa vie a été plus forte, il a fini par déployer ses ailes lui aussi, et même par arriver plus loin encore que son frère, avant de se poser ! Tout s'est donc bien terminé pour nos deux compères. 
Ici, ils sont âgés d'environ un mois ; une semaine plus tard, ils ont dû s'envoler définitivement. Quand on compare le temps que met un humain pour prendre son envol et quitter définitivement le nid douillet familial, ça en fait des générations de pigeons qui ont vu le jour pendant ce temps-là !...



Malheureusement, certains ont une fin de vie très prématurée, comme celui-ci  que j'ai photographié sur un trottoir, début mai 2012. C'était un bien triste spectacle... On voit nettement que les plumes de ses ailes étaient encore contenues dans leur étui protecteur.



Heureusement, d'autres s'en sortent nettement mieux et finissent par défier les avions dans le ciel azuréen de l'été !... 


Longue vie aux deux pigeonneaux qui m'ont offert ce beau et rare spectacle ! 

1 commentaire:

  1. Ben merde alors... Même sur le symbole de la paix on s'est fait pigeonner...? C'est désespérant! :-)
    Décidément Il s'en passe des choses au dessus-de nos têtes, aux rebords de nos fenêtres... Et merci pour cette jolie histoire des deux pigeonneaux qui jouent de l'aile pour la première fois... Beaucoup plus triste pour celui qui a dû subir le supplice du goudron et des plumes! D'ailleurs, il y a laissé les siennes...
    Et belle photo de ces deux silhouettes qui giflent et griffent l'azur.
    Joli post :-)

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